
Là où je me suis « abrité » pour la nuit. Ça soufflait très fort. La tente elle ne bougeait pas. Je l’ai plantée contre un roundballer de façon à me protéger le plus possible du vent. Mais dans une tente on est au première loge pour tous les phénomènes climatiques. Bien que ma tente est réputée dans le milieu du cyclotourisme, je ne l’avais pas personnellement testée, encore moins dans ce genre de condition extrême, alors je nourrissais quelques craintes.
Je me souviens de mon état de vigilance : j’écoutais le vent venir de loin et, comme une vague, je l’entendais grandir, gonfler de plus en plus et j’étais surpris par la taille de cette vague d’air. Une pensée récurrente s’imposait à moi « il va s’arrêter » et il allait au-delà, plus fort que je l’imaginais. Si bien que je prenais peur, je me préparais à ce que ma tente s’envole, je me disais « non, elle ne va pas s’envoler », le vent se calmait et quand une nouvelle vague s’approchait, revenait le même cheminement de pensées.
J’allais connaitre des nuits courtes et des jours longs. Je pédalais à partir de 5h30 ( 6h au plus tard ). Bien sûr, je faisais des pauses, mais je devais pédaler pas loin de 12h par jour. Le plus surprenant, c’est que jamais je n’ai eu de crampes. Je pédalais parfois jusqu’à 22h10, 22h15 et même plus. J’installais ma tente au tout dernier moment. Chaque soir, je jouais avec la nuit. Je savais qu’à 22h30, quand il fait beau, il ferait nuit. Ça se jouait à quelques minutes. C’est un jeu que je ne gagnerai pas toujours d’ailleurs. Le soir, c’était le meilleur moment. Je ne voulais pas m’arrêter. Surtout quand il a commencé à faire beau. Pour l’heure, ce n’était pas encore le cas, ce qui me posera quelques petits soucis « techniques » comme vous le verrez demain. Mais j’avais encore le moral pour en rire.
Publication du 8 juin 2019
Première tentative séchage de linge
Le beau temps commençait enfin à arriver. Cela faisait longtemps que nous l’attendions car, comme je l’ai déjà dit, l’été s’était, cette année-là, vraiment laissé désirer. Toutefois, il n’était pas assez présent pour chauffer suffisamment l’atmosphère, alors que j’avais besoin de sécher du linge qui commençait déjà à sentir l’humidité.
Je commençais un peu à m’en inquiéter, mais sans plus. J’avais d’autres choses à penser. Je commençais à entrevoir un début de routine en testant 2/3 trucs, notamment le séchage du linge.
Je commençais à prendre un rythme que j’allais suivre tout au long du voyage. Le matin allait être destiné aux missions principales de la journée, c’est-à-dire se laver, petit-déjeuner, chercher à manger, faire sa lessive puis pédaler quelques kilomètres avant de repartir sur la mission nourriture pour le midi.
Même si j’ai des réserves dans mes sacoches, au fil des jours, pour m’alléger, je vais en faire de moins en moins. Le problème, et je ne m’en suis pas rendu compte ( parce que je ne suis pas pragmatique pour un sou ), c’est que j’avais beau manger plus qu’à la maison, j’étais loin de manger suffisamment. Alors, sans m’en rendre compte, je maigrissais et j’avais de moins en moins d’énergie. Mais comme d’hab’, je ne faisais pas le lien entre nourriture et manque d’énergie. C’est tout moi, car je peux faire un lien complexe avec une chose éloignée où l’on pourrait se dire « ah ouais, pas mal ! » et puis passer à côté d’un truc énorme, sans doute parce qu’il est trop énorme. Et dans un voyage, ça peut poser des difficultés et ça peut même être dangereux.
Séchage. 2ème tentative
Le soleil ne chauffe pas encore assez alors les affaires ne sèchent pas. Mais je ne désespère pas.
Sur ce chemin j’avais pris une bifurcation à droite et je voyais à 10 m des vélotouristes passer assez régulièrement. J’avais cette appréhension qu’on me dise quelque chose vis-à-vis de mon linge… Cette appréhension s’atténuera avec le temps. Plus ça va et plus je comprenais que certains besoins priment et le reste s’écarte à une place secondaire, plus éloignée. Je m’occupais ainsi moins du paraître, de ce que les autres pouvaient penser. J’avais l’air de plus en plus nomades, je ne me regardais pas dans une glace, je ne savais pas de quoi j’avais l’air et je commençais à en avoir rien à faire. Je croisais beaucoup de gens et ils défilaient comme défilent les kilomètres.
Notre Dame du Marilĺais
Mon linge n’était pas encore sec, mais il fallait bien que je reprenne la route. J’avais des objectifs. C’est dingue de voir à quel point on est formaté. J’avais transporté avec moi ma façon de fonctionner. Je me vois me dépêcher sur mon vélo pour atteindre un point que j’avais comme but. Je l’ai fait plusieurs fois. Chaque jour je me disais de prendre mon temps, chaque jour je me pressais.
Là où je me suis arrêté manger. Église Notre Dame – Mesnil-En-Vallée.
Ici, je ne me suis pas pressé. Une fois n’est pas coutume, je m’étais trompé de chemin et j’avais dévié et cela me retardait…
Quand je suis arrivé sur cette petite place, il devait être 13h00 environ. Il n’y avait pas un bruit. Alors, je me suis assis à côté de mon vélo et j’ai écouté… J’entendais juste quelques bestioles barboter dans le bassin à ma droite. Autrement, rien. Alors, je me suis demandé si j’avais dévié réellement de mon chemin ou si cette route ne faisait finalement pas partie de « mon chemin » ?
Une fois mon repas pris avec un peu de repos, à profiter, je suis redescendu de la place qui était un peu en hauteur. Puis j’ai filé sur une petite nationale à droite. Il n’y avait pas grand monde. J’avais le vent dans le dos et le soleil venait de ses rayons caresser mon visage. La température était idéale. Je me souviens bien de ce moment car c’était un des nombreux moments de bonheur vécus durant ce voyage, ces moments en suspension, où le temps semble s’arrêter.
Alors j’en étais sûr, je ne m’étais vraiment pas trompé de chemin. Cette route faisait partie de ma route.
Séchage de linge – 3 ème tentative
Un autre endroit calme où j’ai décidé de m’arrêter, notamment pour tenter de sécher mon linge. Système D. Le vélo tombait au moindre coup de vent. Puis j’ai décidé de laisser faire. Je me suis allongé et j’ai essayé de dormir un peu. Je n’ai pas réussi. Je regardais les herbes, les petites bestioles dans cette forêt minuscules et je me suis demandé « ça fait combien de temps que tu n’as pas observé la vie à tes pieds comme ça ? ». Question sans réponse…
Puis mon vélo est tombé.
Jeanne et Jeannot
Les gens défilent comme les kilomètres, mais parfois on s’arrête et l’on devient spectateur d’une tranche de vie, comme les mariages.
Cathédrale Montjean sur Loire
Le temps est encore incertain et commence à se couvrir. Ce qui donne à cette cathédrale une aura particulière.
Superbe non ?
Pendant que je prenais cette photo, moi qui parlait de « tranche de vie » toute à l’heure. Un jeune couple se promène dans une ruelle étroite derrière moi et se dirige vers la place. Moi je suis à peu à droite, si bien qu’un muret me cache. Ils s’amusent et elle joue dans la surenchère en faisant des bruits étranges avec sa bouche se croyant seule, et pour cause, c’est désert et je ne faisais aucun bruit.
Puis ils débouchent sur la place, le jeune homme à sa gauche me pointe du menton, elle s’arrête, me regarde, je la regarde, elle me regarde… 😀
Bon on tente autre chose : caleçon au vent. Le ridicule me rendra plus fort.
Eh bien croyez-le ou non, c’est la technique la plus efficace.
Église je-ne-sais-plus-laquelle
Pause 16h. Pas loin d’Angers.
Ça fait tellement du bien de manger ! Le petite café, flocon d’avoine, mélange de noix de cajou, noisettes et amandes le tout mélanger avec de l’eau + un fruit si j’ai de la chance.
Vu sur Angers après le superbe lac du Maine
Ça rendait tellement mieux en vrai. La vue de grandes villes qui longent la Loire est toujours un moment magique dont mes photos ne peuvent pas témoigner, malheureusement.
Une église à Angers
Cachez ce doigt que je ne saurais voir !
Bivouac – Le Thoureil – Voilà. J’ai trouvé un endroit où dormir.
Comment je sélectionne les lieux où je vais dormir ?
Un endroit le plus isolé possible, donc loin des grandes villes, ou avant ou après ( je préfère après ). Un endroit calme et tranquille ( pour le coup ici, c’était mal choisi ) et le plus caché possible. Important : il me faut une table car je ne dors pas tout de suite après m’être arrêté. Je plante ma tente et après je peux prendre un thé par exemple et surtout je m’assois pour me reposer et poster mon compte rendu quotidien sur Facebook.
Le must, et j’avais ça ici, c’est un point d’eau, toilettes… où je pourrais me laver le lendemain matin et remplir mes bouteilles d’eau. Ça fait une mission en moins pour le lendemain matin. Surtout que l’eau, dans les jours à venir, je vais en avoir besoin, parce que après la tempête m’attend un autre phénomène tout à fait exceptionnel dont vous devez forcément vous souvenir… Si vous savez à quoi je pense, eh bien dites-vous que j’étais encore bien tombé.
Mais ça fera partie des prochaines épisodes. Pour le moment, je suis parti dormir, bercé entre les voitures et les coassement des crapauds vu que j’étais pas loin d’un cours d’eau.
Le site de calcul d’itinéraire compte 90.96 km. Avec les détours, je dois me rapprocher plus des 120 km.
