
Comme je vous le disais hier, j’ai renvoyé chez moi par La Poste un colis avec mon duvet. Du coup cette nuit eh bien j’ai très mal dormi et eu froid. Je n’avais qu’un liner sur moi – un sac à viande si vous préférez. Pas assez chaud bien entendu. En dehors de ça, le coin était vraiment sympa. J’entendais une église assez proche annoncer l’heure et rien que ça, rien que ce signe de civilisation me faisait du bien et me rassurait dans ma tente.
Publication du 1 juillet 2019

Des vaches au bord de l’eau, comme ça, c’est bien la première fois que je vois ça. Peut-être qu’il faut que je sorte plus : eh bien c’est ce que je fais !


C’était le risque avec le poids que je trimbale à l’arrière. 2 rayons cassés et réparateur à plus de 60 km de là. Pas de panique ! Quand je demande aux personnes que je croise s’il y a un réparateur dans le coin, ils me disent « non ». Quand je leur demande comment ils font alors ? On me répond « on se débrouille » et si vous ne pouvez pas réparer ? « On se débrouille ». Moi qui me pensais pas si urbain dans ma mentalité, je constate que ça me surprend beaucoup vu que j’ai l’habitude d’avoir une vingtaine de réparateur à moins de 10 kilomètres de chez moi.


Je suis arrivé à Fours un peu par hasard en ayant traversé des bois. J’étais sur les halages et le temps commençait à s’obscurcir. Au loin, les nuages étaient très sombres et j’entendais le tonnerre. Manifestement, j’en ai peur, bien que ça me fascine aussi. Vu la chaleur, je me suis dit que ça allait cogner sévère. Du coup j’hésitais. Dans mon esprit, la peur nous rend vulnérable et certaines personnes peuvent sentir cette vulnérabilité, pour nous être bienveillant ou pas.
J’étais donc dans cet état d’esprit qui penchait vers un peu de parano, mais qui, en même temps me rend plus prudent. C’est ainsi que je croise un homme sur un pont. Il me parle du temps, voit bien que je suis inquiet puisque je lui en fait part et me propose de m’abriter chez lui à « environ 1 km d’ici ».
Du coup j’accepte et je commence à le suivre, moi à vélo, lui en voiture. Alors on roule, on roule… et on s’enfonce de plus en plus dans la campagne. La route commence à être longue et je vois bien qu’on dépasse allègrement le kilomètre. Alors se mélange plusieurs réflexions dans ma p’tite tête : la première c’est quand je vois que le temps semble se calmer, je me dis que je vais devoir perdre beaucoup de temps et d’énergie à parler à une personne que je ne connais pas, la seconde c’est de me dire que cette personne commence par un mensonge, voulu ou pas j’en sais rien, mais s’il m’avait dit la réelle distance, je n’y serai sans doute pas allé. Vu que je mets un point d’honneur à ce qu’on me dise la vérité – ou du moins qu’on ne change pas la réalité – je me dis que tout ça n’est pas très net.
Même si je me dis que je tends sérieusement vers la parano, je me rends bien compte que, de toute façon, tout ce que je veux c’est reprendre la route maintenant que le temps est un peu plus rassurant et que la raison qui m’a poussé à aller chez lui a disparu.
Donc je le laisse un peu prendre de la distance. Puis à un virage qui forme un tel angle qu’il ne peut plus me voir, je fais demi-tour et fonce comme un malade avec cette sensation grisante qu’il est à mes trousses, alors qu’il a probablement continué sa route, s’est peut-être arrêté et, ne me voyant pas, est reparti.
Moi, toujours dans ma cavale grotesque j’essaie de brouiller les pistes, prendre des directions inattendues et je vais même jusqu’à me changer, couvrir mes sacoches etc., : sait-on jamais !
Quoi qu’il en soit, j’avais bifurqué à un point et j’essayais de rattraper ce point. Après avoir roulé pendant plus de 3 h et plus de 40 km à tracer, j’ai pu rejoindre un point proche de mon point de départ. J’aurais pu couper mais j’ai voulu reprendre le chemin vers où je l’avais laissé pour ne rien louper. Et j’ai bien fait.
Avant cela je suis passé par des bois avec cette sensation de solitude, mais cette fois-ci plutôt agréable. J’ai même vu une biche et comme un con, au lieu de m’arrêter pour la regarder j’ai klaxonné pour la prévenir et ne pas trop lui faire peur, si elle me voyait au dernier moment.
Je suis ensuite passé par Fours où j’ai fait une petite pause repas.

Je me suis abrité à cause du vent. J’étais plutôt bien ici. Les habitants de la ville semblait être assez intrigué par ma présence. Il y a de petites maisons juste en face.


Le spot à l’air sympa pour dormir. Derrière moi de l’herbe, coin assez tranquille mais pas assez éloigné. Je cherche plus loin…
Quant à l’église et le village en face de moi, j’ai de gros doutes que ce soit ça.

Je trouve mon bonheur un peu plus loin : bonne nuit !
